
Commissariat, conception graphique du livre, auteur du texte "Espace de jeu"
La qualité organique de ces œuvres qui refusent la distinction entre la figuration et l'abstraction leur donne une consistance tout en les maintenant dans une sensibilité et dans un rapport charnel au réel, comparables à ce qui émane des peintures de Giorgio Morandi, de Cristof Yvoré, de Raoul de Keyser, ou de Jean-Pierre Pincemin, dans des registres très différents. Il y a un plaisir assumé où les sujets représentés importent moins que la peinture elle-même, plaisir jubilatoire confirmé par la prolixité de la production des miniatures. Il y a, aussi, un plaisir à dire l'admiration pour les œuvres d'autres artistes, à reproduire la page d'un livre consacré à Henri Matisse ou les sculptures d'Auguste Rodin vues dans un catalogue – L'Homme qui marche ou Ève, dont la
silhouette apparaît à plusieurs reprises dans les peintures et aquarelles de Pius Fox. Il y a un plaisir à souligner la part de secret inhérente à l'acte de regarder la peinture. Il y a un plaisir à regarder un mur et à le peindre, non pas dans une posture affectée de
solitude et d'ennui dans l'atelier mais parce que ce mur, ou la fenêtre de l'atelier, le store, l'embrasure de la porte, fondent un monde en soi. En qualité de sujets littéraux ils sont inépuisables comme l'est, par exemple, le vers de Marcelin Pleynet, "le mur du fond est un mur de chaux (1)" que pourrait évoquer l'huile sur papier intitulée Holzwand ("Mur de bois") dont la littéralité permet une ouverture grand angle du champ pictural. L’œuvre de Pius Fox s'inscrit autant dans un héritage de la peinture abstraite que dans celui, très hétérogène, d'une histoire du plaisir de peindre où le sujet est prétexte à l'acte de peindre,
à la sensation de peindre. Ce plaisir de peindre (comme il y aurait chez Roland Barthes un plaisir du texte) ne verse pas dans une fascination affectée pour le médium mais dans la faculté que possède la peinture de rendre compte "d'une expérience du monde qui s'autonomise dans les effets de l'art et renvoie le spectateur à une expérience complexifiée de celui-ci (2)." Ainsi, les œuvres de Pius Fox appartiennent sans doute à une famille dont l'arbre généalogique, impur et bâtard, relie souterrainement Le Chardonneret de Carel Fabritius (1654), La Ruelle de Johannes Vermeer (1657-1658), le Mur à Naples de Thomas Jones (1782), L'Asperge d’Édouard Manet (1880), Porte-fenêtre à Collioure d'Henri Matisse (1914), ainsi que les peintres cités précédemment.
silhouette apparaît à plusieurs reprises dans les peintures et aquarelles de Pius Fox. Il y a un plaisir à souligner la part de secret inhérente à l'acte de regarder la peinture. Il y a un plaisir à regarder un mur et à le peindre, non pas dans une posture affectée de
solitude et d'ennui dans l'atelier mais parce que ce mur, ou la fenêtre de l'atelier, le store, l'embrasure de la porte, fondent un monde en soi. En qualité de sujets littéraux ils sont inépuisables comme l'est, par exemple, le vers de Marcelin Pleynet, "le mur du fond est un mur de chaux (1)" que pourrait évoquer l'huile sur papier intitulée Holzwand ("Mur de bois") dont la littéralité permet une ouverture grand angle du champ pictural. L’œuvre de Pius Fox s'inscrit autant dans un héritage de la peinture abstraite que dans celui, très hétérogène, d'une histoire du plaisir de peindre où le sujet est prétexte à l'acte de peindre,
à la sensation de peindre. Ce plaisir de peindre (comme il y aurait chez Roland Barthes un plaisir du texte) ne verse pas dans une fascination affectée pour le médium mais dans la faculté que possède la peinture de rendre compte "d'une expérience du monde qui s'autonomise dans les effets de l'art et renvoie le spectateur à une expérience complexifiée de celui-ci (2)." Ainsi, les œuvres de Pius Fox appartiennent sans doute à une famille dont l'arbre généalogique, impur et bâtard, relie souterrainement Le Chardonneret de Carel Fabritius (1654), La Ruelle de Johannes Vermeer (1657-1658), le Mur à Naples de Thomas Jones (1782), L'Asperge d’Édouard Manet (1880), Porte-fenêtre à Collioure d'Henri Matisse (1914), ainsi que les peintres cités précédemment.
Extrait du texte "Espace de jeu", dans Pius Fox, Jean-Charles Vergne, David Galloway, FRAC Auvergne, 2016.
1- Marcelin Pleynet, Paysages en deux suivi de Les Lignes de la prose, Paris, Seuil, "Tel Quel", 1963, p.75.
2- Éric Suchère, "Le chardonneret et l'autoroute", dans Camille Saint-Jacques et Éric Suchère (dir.), L’Art comme expérience, Shirley Jaffe & pratiques contemporaines, Montreuil-sous-Bois, Lienart, "Beautés", 2010, p.141.
2- Éric Suchère, "Le chardonneret et l'autoroute", dans Camille Saint-Jacques et Éric Suchère (dir.), L’Art comme expérience, Shirley Jaffe & pratiques contemporaines, Montreuil-sous-Bois, Lienart, "Beautés", 2010, p.141.
Crédits photographiques : Ludovic Combe











