Commissaire, concepteur du livre, auteur du texte "Exister son corps"
La sculpture de Sara Masüger est exclusivement dédiée à la représentation de corps et de fragments de corps réalisés en étain, en aluminium ou en acrystal – un matériau composite dont l’aspect fini ressemble au plâtre. Ses sculptures ne sont jamais précédées de dessins ni d’esquisses préparatoires, cette absence se justifiant par la source unique de ses créations, son propre corps, dont les fragments obtenus par moulage – mains, visage, oreilles, doigts, etc. – servent de matrices à la réalisation des
œuvres. Les héritages et filiations sont assez évidents et clairement affirmés par l’artiste qui clame son admiration pour les œuvres d’Alina Szapocznikow, de Louise Bourgeois ou de Medardo Rosso. Mais s’il semble a priori aisé de trouver dans la pratique de Sara Masüger des analogies formelles avec ces artistes, force est de constater que ses sculptures empruntent d’autres voies – d’autres voix serait d’ailleurs un terme plus opportun tant le langage occupe une place essentielle dans ses œuvres, trouvant dans les représentations corporelles de véritables chambres d’écho au verbe dont le corps n’est qu’une émanation. Cette omniprésence du langage importe et se manifeste dans le choix de titres qui, de I Talk to You Later ("Je vous parlerai plus tard") à Dictation ("Dictée") en passant par Longterm Translation ("Traduction durable"), opèrent la réunification du corps et de l’esprit par une œuvre qui n’a de cesse de projeter dans l’espace une multitude d’organes se répétant et se répondant dans un flux qui tient autant du bégaiement et du babil que du brouhaha, de l’interférence, de la discorde ou de la dissonance. Le corps tel qu’il s’exprime dans la sculpture de Sara Masüger est un corps de langage, un corps changeant, un corps en répétition, en scansion.
œuvres. Les héritages et filiations sont assez évidents et clairement affirmés par l’artiste qui clame son admiration pour les œuvres d’Alina Szapocznikow, de Louise Bourgeois ou de Medardo Rosso. Mais s’il semble a priori aisé de trouver dans la pratique de Sara Masüger des analogies formelles avec ces artistes, force est de constater que ses sculptures empruntent d’autres voies – d’autres voix serait d’ailleurs un terme plus opportun tant le langage occupe une place essentielle dans ses œuvres, trouvant dans les représentations corporelles de véritables chambres d’écho au verbe dont le corps n’est qu’une émanation. Cette omniprésence du langage importe et se manifeste dans le choix de titres qui, de I Talk to You Later ("Je vous parlerai plus tard") à Dictation ("Dictée") en passant par Longterm Translation ("Traduction durable"), opèrent la réunification du corps et de l’esprit par une œuvre qui n’a de cesse de projeter dans l’espace une multitude d’organes se répétant et se répondant dans un flux qui tient autant du bégaiement et du babil que du brouhaha, de l’interférence, de la discorde ou de la dissonance. Le corps tel qu’il s’exprime dans la sculpture de Sara Masüger est un corps de langage, un corps changeant, un corps en répétition, en scansion.
Extrait du texte "Exister son corps", dans Sara Masüger, Jean-Charles Vergne, FRAC Auvergne, 2018.
Crédit photographique : Ludovic Combe
Jean-Luc Mylayne - NASA
