Commissariat, conception graphique du livre, auteur du texte "Ilse d'Hollander, une fulgurance"
Le temps de l’œuvre d’Ilse D’Hollander fut particulièrement court, à peine une décennie, dont les deux dernières années – 1995 et 1996 – furent les plus prolifiques jusqu’à la disparition prématurée de l’artiste qui mit fin à ses jours en 1997 à l’âge de vingt-neuf ans. Observer cette peinture, presque vingt ans après, constitue une expérience singulière car il est vrai qu’elle demeure l’œuvre d’une artiste jeune dont la maturité précoce et la fulgurance laissent songeur. Hormis les œuvres que l’on qualifiera de "jeunesse", faute de mieux, environ quatre cents peintures sur toile et quelque mille sept cents peintures sur papier auront été réalisées en à peine plus de trois ans. Les premières années (1988-1991), celles de la formation de l’artiste à Anvers et à Gand, voient se constituer les fondements d’une peinture en devenir, ancrée dans un héritage historique manifeste : natures mortes aux pommes peintes à la manière de Paul Cézanne, représentations de bouteilles et de bols agencés sur des tables inspirées des tableaux de Giorgio Morandi, peintures sur le motif de paysages héritées d’une tradition symboliste belge où la figure tutélaire de Léon Spilliaert occupe une place manifeste, etc. Puis, ces humanités picturales ayant été faites, la peinture d’Ilse D’Hollander a logiquement emprunté les voies de peintres parmi lesquels Nicolas de Staël, René Daniëls et, surtout, Raoul de Keyser seront pour la jeune artiste des repères essentiels. Mais, déjà, il faut noter le caractère presque anachronique de cette pratique qui dès le commencement a cherché à se familiariser avec les œuvres d’artistes du passé sans véritablement se soucier de son inscription dans une contemporanéité. Le choix d’Ilse D’Hollander de se tourner vers ces peintres est l’indice d’une personnalité décidée à mener à bien son projet pictural en frayant avec les artistes les plus inclassables de la peinture contemporaine ou moderne. On se souviendra de l’ostracisme dont a pu souffrir la peinture de Nicolas de Staël durant des décennies, de l’invisibilité presque totale de l’œuvre de Raoul de Keyser en France et de son absence dramatique des collections publiques nationales1 pour se convaincre qu’il y a là une famille marginale, que cette famille échappe aux classifications par son apparente inactualité, démontrant sans doute par l’absurde l’importance de ces peintres.
Extrait du texte "Ilse d'Hollander, une fulgurance", dans Ilse d'Hollander, Jean-Charles Vergne, FRAC Auvergne, 2016.
Crédits photographiques : Ludovic Combe

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