Commissariat, conception graphique du livre, auteur du texte "La ritournelle du motif" et des notices
Ma découverte de l’œuvre de David Claerbout a eu lieu en 2003 grâce au peintre Luc Tuymans, auquel j’avais rendu visite à Anvers pour la préparation de son exposition personnelle au FRAC Auvergne. Nous avions visité ensemble l’exposition collective « Once upon a time… », organisée au MUHKA, où était présenté le film de David Claerbout, Angel, réalisé en 1997. Je me souviens avoir été fasciné par sa beauté, par sa durée si paradoxale – dix minutes en boucle desquelles émanait une sensation d’éternité – et, plus spontanément sans doute, par la façon dont une technologie manifestement complexe et très maîtrisée se trouvait employée de manière presque invisible pour produire ce petit dispositif filmique intimiste. Le film muet, noir et blanc, consistait en une image animée de taille réduite projetée à même le mur. Il s’agissait d’un plan fixe cadrant un ange de pierre ornant une tombe, tenant dans une main une rose. Image figée en apparence mais qui, après un laps de temps, révélait sa beauté simple : la rose était mue par une brise infime, le ventre et les épaules de l’ange se soulevaient ostensiblement et, plus encore, c’est l’ensemble de son corps parcouru d’une onde subtile qui, lentement, témoignait d’un souffle qui habitait la statue. Il vivait, imperceptiblement. Le titre de l’exposition annonçait « Il était une fois… », mais de quoi était-il une fois dans le cas de cette image d’archives noir et blanc que l’artiste avait animée pixel par pixel, la plaçant à l’exacte frontière qui sépare la photographie du cinéma ? De quelle histoire s’agissait-il, sinon de celle – assez romantique – que je me fabriquais en tant que spectateur absorbé, presque hypnotisé par le rectangle lumineux d’Angel ?
Extrait de "La ritournelle du motif", dans David Claerbout, Jean-Charles Vergne, FRAC Auvergne, 2015.
Crédits photographiques : Ludovic Combe

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