
N°41, avril-mai 1986 - 1986 - Photographie couleur - 100 x 100 cm - Collection du Centre national des arts plastiques
Commissaire, auteur du texte "Un principe de réalité"
Depuis plus de trente ans, Jean-Luc Mylayne photographie des oiseaux, à contre-courant de tout ce qui aujourd’hui constitue les fondements de ce que l’on appelle l’art contemporain. Cette œuvre est anachronique, déplacée, inclassable, presque un symptôme.
Jean-Luc Mylayne est né à Amiens, est né à Marquise, est né au Texas, est né dans de multiples endroits. Les biographies données dans les livres consacrés à son œuvre brouillent les pistes, ne livrent rien. Et Jean-Luc Mylayne n’est pas Jean-Luc Mylayne. Jean-Luc Mylayne est Jean-Luc et Mylène, sa compagne. Mais Jean-Luc n’existe pas sans Mylène (et inversement) et c’est la complémentarité fusionnelle de Jean-Luc et de Mylène qui aura permis à l’œuvre de Jean-Luc Mylayne d’advenir.
Depuis plus de trente ans, Jean-Luc Mylayne entreprend une œuvre qui fait l’objet de datations très précises. Chacune des photographies indique, outre le numéro de l’œuvre et l’année, une période – mars-avril, novembre-mars… – qui donne le temps qui fut nécessaire à la réalisation de l’œuvre et révèle le paradoxe d’instantanés dont la mise au point nécessite un temps souvent très long. D’emblée, l’œuvre de Jean-Luc Mylayne se pose-t-elle comme un travail photographique fondé sur une attente démesurée, destinée à capturer une présence fugitive selon des critères très précis.
Depuis plus de trente ans, Jean-Luc Mylayne entreprend une œuvre qui fait l’objet de datations très précises. Chacune des photographies indique, outre le numéro de l’œuvre et l’année, une période – mars-avril, novembre-mars… – qui donne le temps qui fut nécessaire à la réalisation de l’œuvre et révèle le paradoxe d’instantanés dont la mise au point nécessite un temps souvent très long. D’emblée, l’œuvre de Jean-Luc Mylayne se pose-t-elle comme un travail photographique fondé sur une attente démesurée, destinée à capturer une présence fugitive selon des critères très précis.
Les photographies que réalise Jean-Luc Mylayne depuis plus de trente ans ont pour sujet de montrer des oiseaux. Pourtant les photographies de Jean-Luc Mylayne ne sont pas des photographies animalières et n’ont rien à faire avec l’ornithologie, bien qu’elles nécessitent une connaissance parfaite de ce domaine pour pouvoir être réalisées. Elles n’ont rien à faire avec l’ornithologie, ne concernent pas les espèces rares, exotiques ou symboliquement chargées (les aigles, les vautours…), mais s’attachent aux espèces les plus communes – étourneaux, sittelles, rouges-gorges, oiseaux bleus d’Amérique… Passionné par les oiseaux depuis son enfance, Jean-Luc en possède une connaissance encyclopédique qui n’est pas celle d’un scientifique mais plutôt d’un Saint-François d’Assise prodiguant son sermon aux oiseaux, celle d’un être ayant développé une relation animale avec l’animal. Les photographies sont toujours prises à quelques centimètres de l’oiseau, n’emploient jamais de téléobjectif, refusent la mise à distance. Elles nécessitent une posture particulière de leur auteur, double et contradictoire dans la mesure où elles l’obligent à se fondre au sein d’une réalité qui n’est pas celle de l’homme, à n’être pour l’oiseau qu’un élément parmi les éléments, tout en préservant la possibilité d’une relation étroite et privilégiée avec l’oiseau pour qu’un dialogue puisse naître et pour que celui-ci exprime avec la plus parfaite exactitude ce que Jean-Luc Mylayne attend de lui.
Extrait du texte " Un principe de réalité ", Jean-Charles Vergne, 2009.

